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La Libération des territoires français, de 1943 (Corse) à 1945 (franchissement du Rhin), marque le renouveau de l’armée française. Les forces de la Résistance sont intégrées dans une armée renaissante après la défaite de 1940 et la dissolution de l’armée d’armistice. Tandis que la Libération s’achève, les premiers conflits de décolonisation émergent en Extrême-Orient et en Afrique.

La reconstitution de l’armée en Afrique du Nord et l’Italie

Novembre 1942 - Novembre 1943

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Carte de l’opération Torch du 8 novembre 1942 © War museum

Une France unifiée dans la lutte : la France libre devient la France combattante

Dès l’été 1942, sous l’impulsion déterminée du général de Gaulle, la France libre opère un tournant décisif en se rebaptisant « France combattante ». Ce changement de nom est bien plus qu’un symbole : il marque une étape essentielle dans l’unification des forces de résistance. 

En métropole, il s'agit de fédérer les divers mouvements de résistance intérieure, souvent fragmentés et agissant de manière autonome. Parallèlement, dans les territoires ultramarins, où les dissidences avec le régime de Vichy se multiplient, cette transformation reflète une volonté claire : rassembler sous une même bannière tous ceux qui rejettent la capitulation de 1940 et s'opposent fermement aux forces de l'Axe. La France combattante devient ainsi le socle d’une lutte globale pour la libération.

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L'organisation militaire des FFI et leur participation aux combats. Libération de la Bretagne. FFI dans le village de Kersaint, près de Brest. © SHD DE 2007 ZC 18 1 8136.

L'Afrique du Nord : un foyer stratégique pour la reconstitution militaire

Avec l'opération Torch en novembre 1942, l'Afrique du Nord joue un rôle stratégique central. L’arrivée des forces alliées au Maroc et en Algérie permet d’éliminer l’influence directe du régime de Vichy dans ces régions et ouvre la voie à une coopération militaire accrue. 

Sous l’égide des généraux de Gaulle et Giraud, des efforts sont entrepris pour reconstituer une armée française moderne et équipée, apte à reprendre le combat sur les fronts européens. Ce processus passe par la mobilisation des ressources locales, le ralliement des troupes stationnées en Afrique, et une coordination étroite avec les alliés anglo-américains. L’Afrique du Nord devient ainsi un laboratoire où se forge une nouvelle armée française, unifiée dans sa structure et sa détermination.

Char Cornouailles 6e RCA Provence 1944 Agrandir

Char Cornouailles 6e RCA Provence 1944 © Photographie libre de droit

L'engagement en Italie : une démonstration de renaissance militaire

De 1943 à 1944, les troupes françaises reconstituées en Afrique du Nord entrent en scène sur le théâtre européen, notamment en Italie. Sous le commandement du général Juin, le corps expéditionnaire français (CEF) se distingue par ses prouesses militaires, particulièrement lors de la campagne de Monte Cassino. 

Ces succès illustrent non seulement la montée en puissance des forces françaises libres, mais aussi leur capacité à opérer aux côtés des Alliés dans des combats cruciaux. Ces engagements en Italie renforcent la légitimité de la France combattante sur la scène internationale et posent les bases d’une armée prête à jouer un rôle majeur lors des campagnes de libération en France et en Allemagne.

La libération de la Corse

Septembre - Octobre 1943

Des troupes de la 9e division d'infanterie coloniale (9e DIC) débarquent de landing craft infantry (LCI) sur l'île d'Elbe sous le commandement du général de Lattre de Tassigny, 1944. Agrandir

Des troupes de la 9e division d'infanterie coloniale (9e DIC) débarquent de landing craft infantry (LCI) sur l'île d'Elbe sous le commandement du général de Lattre de Tassigny, 1944. © ECPAD Référence : 00016286

Le débarquement des forces françaises : une opération audacieuse

Le 8 septembre 1943, environ 10 000 hommes issus exclusivement de l’armée française débarquent sur l’île de Beauté. Cette opération, menée avec une détermination exemplaire, marque le premier déploiement massif des forces françaises sur le territoire national depuis le début de l’occupation. 

Le débarquement s'inscrit dans une stratégie coordonnée avec les Alliés, visant à reprendre pied sur le sol français et à ouvrir un nouveau front dans la lutte contre les forces de l'Axe. Malgré les défis logistiques et la résistance de l'ennemi, l'armée française montre ici sa capacité à mener des offensives décisives.

le sous-marin Casabianca Agrandir

Occupation du Var. Echappé de Toulon, le sous-marin "Casabianca" rallie Alger. © SHD DE 2007 ZC 18 1 6977

Une libération rapide et stratégique

En moins d’un mois, la Corse est libérée, le 4 octobre 1943, grâce à la combativité des troupes françaises et au soutien des résistants locaux. Cette victoire rapide illustre l’efficacité de la coopération entre les forces régulières et les mouvements de résistance. 

La libération de l’île ne se limite pas à un simple succès militaire : elle revêt une forte portée symbolique en réaffirmant la souveraineté française sur une partie de son territoire. La Corse devient ainsi le premier département français à être entièrement libéré, renforçant le moral des populations et des combattants dans la perspective de la libération nationale.

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Le débarquement de la Corse, carte des opérations militaires. © MINDEF/SGA/DMCA/Joëlle Rosello

Un rôle stratégique dans les offensives alliées

Après sa libération, la Corse joue un rôle crucial dans les stratégies des Alliés. Transformée en base d’aviation et en plateforme logistique majeure, elle appuie les opérations en Italie, notamment la campagne de Monte Cassino, mais également celles prévues dans le sud de la France lors de l’opération Dragoon en 1944. 

De plus, sa position géographique permet de projeter des forces vers l’Autriche et le sud de l’Allemagne. En devenant un véritable pivot dans les plans alliés, la Corse démontre l’importance de ce territoire non seulement pour la libération de la France, mais aussi pour la défaite globale des forces de l’Axe en Europe.

De la Normandie à Paris

Juin 1944 - Août 1944

Bombardements navals sur les plages du débarquement ; Source : Gouvernement du Royaume Uni Agrandir

Bombardements navals sur les plages du débarquement. Source : Gouvernement du Royaume Uni. © Photographie libre de droit

Le débarquement du 6 juin 1944 : l’engagement des forces françaises

Le 6 juin 1944, les Alliés lancent l’opération Overlord, le plus grand débarquement amphibie de l’Histoire, sur les plages de Normandie. Si cette opération est souvent associée aux forces américaines, britanniques et canadiennes, l’implication française ne saurait être oubliée. 

Dès la nuit du 5 au 6 juin, des parachutages de soldats français sont effectués en Bretagne et en Normandie, avec pour mission de désorganiser les arrières allemandes. Sur les plages, les 177 commandos Marine du commandant Kieffer, membres des Forces françaises libres, prennent pied à Ouistreham et participent aux combats acharnés pour libérer la région. Cette contribution, bien que modeste en effectifs, symbolise la détermination de la France à jouer un rôle actif dans sa propre libération.

Arrivée du général Leclerc, commandant de la 2e division b Agrandir

Arrivée du général Leclerc, commandant de la 2e division blindée (2e DB), sur Utah Beach, Manche, 1er août 1944 © ECPAD Réf. TERRE 10537 G13

L’arrivée de la 2e division blindée : un tournant décisif

Le 1er août 1944, la 2e division blindée du général Leclerc débarque en Normandie. Forts de leur expérience acquise en Afrique, ces soldats français, équipés et formés aux côtés des forces alliées, apportent un renfort essentiel à l’effort de libération. 

Progressant rapidement à travers les lignes ennemies, la division Leclerc s’illustre par sa combativité et sa coordination avec les troupes alliées. Son rôle est décisif dans la percée vers Paris, où elle rejoint les forces américaines et les résistants français pour reprendre la capitale.

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Paris. A la gare Montparnasse. De Gauche à droite, le colonel de Chevigné, le général de Gaulle, le général Leclerc, le général Juin et Rol Tanguy (coiffé d'un béret) le 25 août 1944. © SHD DE 2007 ZC 18 1 13276

La libération de Paris : une victoire emblématique

Le 25 août 1944, Paris est libéré, marquant une étape cruciale dans la reconquête de la France. Cet événement est le fruit d’une collaboration entre les forces françaises, les Alliés et les résistants locaux, qui ont multiplié les actions pour affaiblir les occupants allemands. 

L’entrée triomphale de la 2e division blindée dans Paris symbolise le retour de la souveraineté française et consacre le rôle majeur joué par les combattants français dans cette victoire. Mais la libération de Paris n’est qu’une étape : les forces alliées poursuivent leur avancée vers l’Est, libérant progressivement l’ensemble du territoire français et ouvrant la voie à l’effondrement du Troisième Reich.

De la Provence à la Bourgogne

Août 1944 - Septembre 1944

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Le débarquement et la bataille de Provence, 15-25 août 1944 © MINARM/SGA/DMCA/Joëlle Rosello

Le débarquement en Provence : une opération dominée par l'armée française

Le 15 août 1944, les forces alliées lancent un second débarquement sur les côtes de Provence, dans le cadre de l’opération Dragoon. Parmi les plus de 300 000 soldats engagés, les deux tiers sont issus de l’armée française, constituée majoritairement de troupes coloniales et métropolitaines. 

Placées sous le commandement du général de Lattre de Tassigny, ces forces se distinguent par leur organisation et leur efficacité. Cette opération marque une étape décisive dans la libération du sud de la France et affirme la montée en puissance de l’armée française reconstituée, qui prend une place centrale dans les opérations alliées.

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Le général de Lattre et le général de Larminot et des officiers d'état-major sur le bâteau qui les amène en France, 16 août 1944. SHD DE 2007 ZC 18 1 5396 © ECPAD Réf. TERRE 265-5931

La remontée du Rhône : une avancée fulgurante

Après le succès du débarquement, les forces françaises, formant la 1re Armée, entament une progression rapide à travers le sud-est de la France. Remontant le long de la vallée du Rhône, elles libèrent de nombreuses villes, dont Toulon et Marseille, avant d’atteindre Lyon, libérée le 3 septembre 1944. 

Cette avancée s’appuie sur une stratégie audacieuse et sur la détermination des soldats français, soutenus par la population locale et les résistants. La libération du sud marque un tournant stratégique, permettant aux Alliés d’ouvrir un second front en France et de renforcer la pression sur les troupes allemandes.

12 septembre 1944, Nod-sur-Seine Agrandir

12 Sept. 1944, Nod-sur-Seine. Le half-track « Tchad » du régiment de marche du Tchad, de la 2e division blindée avec des fusiliers marins de la 1re division française libre. © Coll. Fondation de la France Libre, fonds Amicale des anciens de la 1re DFL

La jonction en Bourgogne : un symbole d’unité nationale

Le 12 septembre 1944, en Bourgogne, les forces françaises venues de Provence rejoignent celles ayant débarqué en Normandie deux mois plus tôt. Cette jonction, hautement symbolique, illustre l’unité retrouvée de l’armée française dans la libération de son territoire. 

Sous l’autorité du général de Lattre, la 1re Armée française poursuit son avancée vers l’est, participant activement à la reconquête complète de la France et à l’effondrement du front allemand en Europe de l’Ouest.

La campagne d’Alsace

Septembre 1944 - Février 1945

Carte des opérations de libération de l'Alsace, 1944 Agrandir

Carte des opérations de libération de l'Alsace, 1944. © Photograhie libre de droit

L’intégration des résistants dans une armée unifiée

À partir de septembre 1944, les résistants des Forces françaises de l’intérieur (FFI) sont progressivement intégrés dans les rangs de l’armée française reconstituée. Cette unification permet de renforcer les effectifs tout en valorisant l’expérience acquise par les résistants sur le terrain. 

Pendant ce temps, les Alliés poursuivent leur avancée vers le Rhin, mais les forces françaises doivent faire face à une résistance allemande acharnée dans les Vosges et en Alsace. Cette région, symboliquement et stratégiquement importante, devient un théâtre majeur des combats de l'hiver 1944-1945.

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Le dépannage d'un char Sherman M4 échoué sur le bas-côté d'une route forestière, probablement du 3e régiment de spahis marocains dans la forêt de Masevaux (Haut-Rhin), entre le 7 et le 16 décembre 1944 © ECPAD Réf. TERRE 378-8985

La libération de Mulhouse et Strasbourg : des victoires décisives

Malgré des conditions difficiles et une défense allemande organisée, l’armée française parvient à libérer Mulhouse le 21 novembre 1944, suivie de Strasbourg le 23 novembre. Ces victoires sont particulièrement significatives : Strasbourg représente un enjeu symbolique majeur en raison de son statut historique et de sa place dans l’identité nationale. 

Ces succès renforcent la fierté nationale et le moral des troupes, mais la campagne d’Alsace est loin d’être terminée. La contre-offensive allemande qui suit montre que l’ennemi reste déterminé à reprendre ces territoires stratégiques.

9 février 1945, les Alliés entrent dans Colmar après le départ des Allemands Agrandir

9 février 1945, les Alliés entrent dans Colmar après le départ des Allemands © Photographie libre de droit

La bataille pour Colmar : la fin des combats en Alsace

En janvier 1945, les Allemands lancent une grande contre-offensive, visant à reprendre l’initiative sur le front de l’Ouest. Ce mouvement gèle les avancées alliées et transforme le front alsacien en une ligne de combats intenses et prolongés. Cependant, dès la fin janvier, les forces françaises et alliées reprennent l’initiative, repoussant progressivement les troupes allemandes. 

Le 4 février 1945, la ville de Colmar est enfin libérée, marquant la fin de la campagne d’Alsace. Ce succès scelle la reconquête complète de cette région et repousse définitivement les forces allemandes au-delà du Rhin.

L’action de la Résistance

Juin 1944 - Mai 1945

Carte de France avec le découpage militaire des forces françaises de l'intérieur Agrandir

Carte de France avec le découpage militaire des forces françaises de l'intérieur. © Photographie libre de droit

Un soutien indispensable aux forces alliées et françaises

Pendant que les forces alliées et françaises progressent pour libérer le Nord et l’Est de la France, la Résistance joue un rôle déterminant sur tout le territoire. Les réseaux de résistants, déjà actifs avant le débarquement de Normandie, intensifient leurs actions à partir de juin 1944. 

Sabotages, embuscades, renseignements transmis aux Alliés : ces opérations affaiblissent les forces d’occupation et facilitent l’avancée des armées régulières. Ces résistants, souvent organisés en maquis, deviennent un acteur clé de la libération, transformant leur combat clandestin en une lutte armée de grande ampleur.

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Affiche "Vive les F.F.I." © SHD DE 2009 PA 143 2

La libération autonome de plusieurs villes

La Résistance ne se contente pas d’appuyer les armées alliées ; elle prend également l’initiative de libérer plusieurs villes avec ses propres forces. Certaines de ces victoires sont emblématiques : Brive-la-Gaillarde est la première ville française à être libérée par les résistants, le 10 août 1944. 

D’autres villes suivent : Montauban, Annecy et Foix sont libérées le 19 août, et Limoges le 21 août. Ces actions montrent la capacité des résistants à s’organiser en véritables unités militaires, prenant en charge la sécurité de leur région et accélérant le repli des troupes d’occupation.

Libération d’Autun ; Les maquis étaient de mieux en mieux équipés et étaient épaulés par les jeep parachutées par le Spécial air service Agrandir

Libération d’Autun ; les maquis étaient de mieux en mieux équipés et étaient épaulés par les jeep parachutées par le Spécial air service. © Photographie libre de droit

Un rôle clé dans la victoire finale

L’action de la Résistance ne s’arrête pas avec la libération des premières villes. Jusqu’en mai 1945, elle continue de harceler les forces allemandes en repli, contribuant à leur désorganisation et à leur défaite finale. 

De nombreux résistants rejoignent également les rangs de l’armée régulière ou coopèrent étroitement avec elle, consolidant ainsi l’effort de guerre. Leur courage et leur engagement contribuent à faire de la Résistance un élément indissociable de la victoire, tant sur le plan militaire que symbolique.

Les poches de l’Atlantique

Août 1944 - Mai 1945

Carte des poches de la côte Atlantique, août 1944 Agrandir

Carte des poches de la côte Atlantique, août 1944. © Photographie libre de droit

Les poches de résistance allemande : un ultime bastion

À partir d’août 1944, les forces allemandes, coupées de leur lien terrestre avec le Reich par l’avancée des Alliés après les débarquements de Normandie et de Provence, se retranchent dans les ports fortifiés de l’Atlantique. Ces « poches de résistance » deviennent des bastions défensifs d’une grande ténacité. 

Parmi les plus connues figurent Dunkerque, Lorient, Saint-Nazaire, Royan, La Rochelle, et la Pointe de Grave. Bien que ces positions soient encerclées, elles résistent farouchement, transformant ces enclaves en défis stratégiques et militaires pour les forces alliées.

Les chars du 13e régiment de dragons appuient la progression du 4e régiment de zouaves à l'entrée de la ville de Royan le 15 avril 1945 Agrandir

Les chars du 13e régiment de dragons appuient la progression du 4e régiment de zouaves à l'entrée de la ville de Royan le 15 avril 1945. © Photographie libre de droit

L’implication des résistants intégrés dans l’armée française

Pour neutraliser ces poches, les forces françaises emploient principalement des formations constituées d’anciens résistants. Ces combattants, ayant quitté la clandestinité pour rejoindre l’armée française sous uniforme, montrent une détermination exemplaire dans les opérations de siège ou d’assaut. 

Certaines poches, comme celles de Royan et de la Pointe de Grave, sont soumises à des blocus rigoureux avant d’être attaquées. Ces actions permettent de limiter la capacité des troupes allemandes à menacer les arrières alliés ou à perturber les lignes de communication.

Les représentants allemands (major Engelken et lieutenant Bernstein) face au colonel Keating signent la reddition de la poche de Saint-Nazaire sur une table dressée à la hâte à Cordemais le 8 mai 1945, United States Army Signal Corps Agrandir

Les représentants allemands (major Engelken et lieutenant Bernstein) face au colonel Keating signent la reddition de la poche de Saint-Nazaire sur une table dressée à la hâte à Cordemais le 8 mai 1945. © United States Army Signal Corps

La reddition finale : un épilogue tardif

Malgré les efforts alliés pour réduire ces poches, certaines tiennent bon jusqu’à la fin de la guerre. Ce n’est qu’à l’annonce de la capitulation allemande les 7 et 8 mai 1945 que les derniers défenseurs allemands se rendent. 

Ces ultimes affrontements rappellent que, même isolés, les bastions de résistance peuvent prolonger les combats bien au-delà de l’avancée principale des armées alliées. La participation de résistants dans ces batailles souligne leur contribution continue à la libération, de l’ombre des maquis à la lumière des combats sous l’uniforme français.

Le coup de force japonais en Indochine

Mars 1945

Carte d'Indochine, par P. Vidal-Lablache Agrandir

Carte d'Indochine, par P. Vidal-Lablache. © Photographie libre de droit

Un basculement brutal : la prise de contrôle japonaise

Le 9 mars 1945, les forces japonaises, qui occupaient l’Indochine française depuis 1940 avec l’accord du régime de Vichy, décident de prendre le contrôle total de la colonie par la force. Ce coup de force brutal met fin à l’administration française en Indochine, qui est rapidement neutralisée. 

Les Japonais imposent leur autorité directe dans la région, cherchant à renforcer leur position dans un contexte de guerre qui tourne en leur défaveur. Cette action précipite l’effondrement de l’ordre colonial dans cette partie du monde et laisse le territoire dans une situation de grande instabilité.

Photographie de la colonne Alessandri en marche vers la Chine.  Site de la Légion étrangère Agrandir

Photographie de la colonne Alessandri en marche vers la Chine. © Site internet de la Légion étrangère

Une transition chaotique après la capitulation japonaise

La capitulation japonaise, annoncée le 15 août 1945, plonge l’Indochine dans le chaos. Profitant du vide laissé par le retrait japonais, le mouvement indépendantiste Viet Minh, dirigé par Hô Chi Minh, proclame l’indépendance du Vietnam. 

Cette déclaration marque une rupture majeure et ouvre une période de tensions entre les aspirations indépendantistes locales et les ambitions de la France de rétablir son autorité coloniale. L’Indochine devient rapidement un territoire contesté, où les enjeux politiques et militaires se croisent dans un climat d’incertitude et de conflit.

A bord du "Missouri" (bâteau de guerre américain), le général Leclerc signe l'acte de capitulation japonaise au nom de la France. A gauche, devant les micros, le général Mac Arthur. Agrandir

A bord du "Missouri" (bâteau de guerre américain), le général Leclerc signe l'acte de capitulation japonaise au nom de la France. A gauche, devant les micros, le général Mac Arthur. © SHD DE 2007 ZC 18 1 1311

L’intervention française : une nouvelle guerre commence

Pour reprendre pied en Indochine, la France place le général Leclerc à la tête d’un corps expéditionnaire chargé de rétablir l’autorité française. Une grande partie de ces troupes provient de la 2e division blindée, célèbre pour sa participation à la libération de la France et son rôle décisif dans la prise du nid d’aigle de Hitler en Allemagne. 

Cette division, qui avait symbolisé la reconquête du territoire national, se retrouve désormais engagée dans un tout autre type de conflit. Ce déploiement marque le début d’une nouvelle guerre, qui évoluera rapidement en une lutte prolongée et complexe pour le contrôle de l’Indochine, prélude à la décolonisation.