Mission militaire française, « mission 5 »
Le 30 août 1940, un traité est signé entre la France et le Japon, pour empêcher l’invasion complète de l’Indochine. Ce territoire demeure sous l’autorité du gouvernement de Vichy représenté par l’amiral Decoux (1884-1963) mais en accordant d’importantes concessions militaires et économiques à l’occupant.


A partir de 1943, dans le cadre de la stratégie alliée de la libération de l’Asie, le général de Gaulle amorce la reconquête de l’Indochine. Des actions de recherche du renseignement et des opérations clandestines contre les Japonais sont alors menées par le bureau central de recherches et d’action (BCRA). Le BCRA s’appuie sur deux organismes nouvellement créés : la section de liaison française en Extrême-Orient (SLFEO) en Inde (Calcutta et Ceylan) et la mission militaire française (MMF) en Chine (Tchoung King) et en Malaisie (Singapour). Ces deux organismes disposent de plusieurs lieux d’implantation. Après la chute de la Malaisie en février 1942, la section de la MMF de Singapour s’installe à Kunming dans la province du Yunnan en Chine, prend l’appellation de « mission 5 » en 1943. Kunming est choisie pour sa proximité avec l’état-major du général Ho Ying-Ching, chef d’état-major des armées chinoises nationalistes, des services américains de l’Office of Strategic Services (OSS) et de l’état-major de la 14th USAAF. En outre Kunming est également le terminus de la voie ferrée métrique traversant tout le Nord de l’Indochine depuis le port de Haiphong.
La mission 5 a pour mission de permettre de reprendre pied le plus tôt possible en Indochine en fournissant des renseignements de tous ordres quant à la situation de l’occupant japonais, la progression du communisme et la montée des nationalismes. La mission entretient également des liens étroits avec la résistance à l’occupant japonais depuis l’intérieur. A partir du mois de mars 1945, la mission 5 est dirigée par Jean Sainteny (1907-1978), pilier du réseau de renseignement « Alliance ». Il active ainsi plusieurs réseaux de résistance (« Rivière » au Tonkin ; « Pavie » et « Médéric » en Annam ; « Legrand » en Cochinchine ; « Mangin » au Cambodge et « Donjon » au Laos). Il devient en outre un interlocuteur privilégié des indépendantistes vietnamiens lorsque les Japonais se rendent totalement maître de l’Indochine (9 mars 1945) et surtout après la prise de pouvoir du parti nationaliste fin août 1945 qui conduira à la déclaration d’indépendance de la République démocratique du Vietnam (2 septembre 1945).
La mission 5 ferme ses portes à Kunming au cours de mois d’août 1945 et s’installe progressivement à Saigon à partir du 19 août. La mission disparait en décembre 1945 avec la complète réorganisation du BCRA devenu direction générale des études et des recherches (DGER) le 26 octobre 1944 et finalement transformée en service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) le 28 décembre 1945.
L'insigne choisi
L’insigne est réalisé en argent émaillé avec la technique du cloisonné par le bijoutier chinois Tiān tài Xiáng de Kunming au cours de l’année 1944. Les insignes seront fabriqués et numérotés au fur et à mesure des besoins. Les couleurs nationales avec la croix de Lorraine rappellent la mission donnée par le général de Gaulle quant à la reconquête de l’Indochine française. La bannière jaune avec une bande centrale rouge rappelle le drapeau de la dynastie impériale Nguyen en place au Vietnam depuis 1920. Le dragon vert symbolise la force, la prospérité et le bonheur. Il représente également l’Est, la direction du soleil levant et le printemps au sens de renouveau. Le dragon céleste est aussi l’animal le plus important du panthéon chinois.