Groupe de bombardement 1 « Lorraine », Squadron 342
Après l’appel à poursuivre la lutte contre l’envahisseur lancé par le général de Gaulle (1890-1970) le 18 juin 1940, un certain nombre de pilotes rejoignent la France Libre. Ils forment ainsi les forces aériennes françaises libres (FAFL). Ces aviateurs, intégrés à l’armée de l’air britannique, sont répartis pour certains dans des formations anglaises et pour d’autres en unités constituées.


Début juillet 1941, le général de Gaulle nomme le général Martial Valin (1898-1980) à la tête des FAFL. Une de ces premières missions est d’attribuer des noms de régions françaises aux unités FAFL constituées. Le groupe de bombardement 1 « Lorraine » est ainsi formé en Syrie le 24 septembre 1941 avec des éléments qui combattaient déjà depuis près d’un an, notamment au Gabon (27 octobre-12 novembre 1940) ou à Koufra (31 janvier-1er mars 1941). Sans cesser ses opérations, le groupe Lorraine est reconstitué en Angleterre le 7 avril 1943. Intégré à la Royal Air Force (RAF) sous la codification de 342 Squadron, il est équipé de bombardier Douglas Boston. Il est alors engagé dans des missions de bombardement à moyenne et basse altitude, se spécialisant dans les bombardements de nuit.
Le 6 juin 1944 dans le cadre du débarquement de Normandie, le groupe « Lorraine » dépose, à six heures du matin, le long des côtes, un écran de fumée destiné à protéger la flotte alliée des bombardements allemands à la très basse altitude de 50 pieds (15 mètres !). Les opérations au-dessus de la Normandie se succèdent ensuite dans des conditions très difficiles et meurtrières comme l'attaque de nuit à basse altitude (50 mètres) des divisions blindées allemandes encerclées dans la poche de Falaise le 5 août 1944.
Le 17 octobre 1944, le groupe « Lorraine » atterrit en France, à Vitry-en-Artois, sa nouvelle base. Après la rupture du front, le groupe participe à toutes les opérations de l’armée britannique qui marquent l'avancée vers l’Allemagne : bataille des Ardennes (16 décembre 1944-25 janvier 1945), franchissement du Rhin (22 mars-1er avril 1945), destruction des ponts sur le Rhin. Installé à Gilzerijzen en Hollande, le groupe effectue sa dernière mission de guerre le 2 mai 1945.
Durant l’ensemble de la Seconde Guerre mondiale le « Lorraine » perd 127 membres d'équipage, soit plus du double de son effectif normal et effectue plus de 3 000 sorties de combat. Le groupe « Lorraine » reçoit la Croix de la Libération le 28 mai 1945.
Le 10 juin 1945, il défile avec 3 000 avions alliés au-dessus de Francfort. Huit jours plus tard, il survole les Champs-Élysées en formant son emblème : la croix de Lorraine.
Le 2 décembre 1945, le groupe quitte la RAF pour s’intégrer à l’armée de l’air française sur la base aérienne de Cambrai avec le nom de groupe de bombardement 1/20 « Lorraine ».
L'insigne choisi
Réalisé en décembre 1941 à la demande du commandant Corniglion-Molinier en argent bas titre à Damas, l’insigne reprend tout simplement les armoiries de Lorraine : d’or, à la bande du gueules, chargée de trois alérions d’argent.
La légende raconte que les trois alérions qui composent le blason des ducs de Lorraine seraient ceux que Godefroy de Bouillon, parent très lointain dont les ducs de Lorraine s’enorgueillissaient moyennant quelques entorses aux généalogies, aurait réussi, lors de la prise de Jérusalem, à embrocher en vol d’une seule flèche.
L’insigne est attribué numéroté en chiffres romains gravés à la pointe en fonction de l’affectation des membres d’équipage. La numérotation n’est donc pas continue.
L’insigne de Damas est porté jusqu’en décembre 1945 et sera remplacé par un modèle identique réalisé par la maison Augis.