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Étrangers dans la lutte clandestine

Soustitre
De la discrimination aux organisations de Résistance

Affiche rouge, 1944, domaine public.

Avant même que les débarquements aient lieu, les combattants de l’ombre voient leur action légitimée et leurs effectifs renforcés à la perspective d’une libération prochaine du pays. Mais cette croissance de la Résistance française à mesure que les forces alliées s’approchent de l’Europe ne signifie pas que la lutte devient plus facile. C’est au contraire un moment de durcissement de la répression par l’occupant nazi, épaulé en cela par le régime de Vichy.

L’action des résistants de l’exil est soumise à cette intensification simultanée des combats et de la répression. Chez les étrangers qui combattent dans la clandestinité, des organisations se structurent et des chefs émergent mais avec l’enthousiasme des combats se répand aussi le chagrin des deuils.

France - Combattants hongrois en France

France - Combattants hongrois en France - György Bölöny avec quelques combattants de la compagnie "Petöfi" en France.

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France - Combattants hongrois en France - Partisans hongrois combattant aux côtés de résistants français.

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France - Combattants hongrois en France - Combattants hongrois dans l'armée française.

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France - Combattants hongrois en France - Partisans hongrois ayant été tués en combattant dans les groupes de résistance en France.

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France - La Résistance et la Libération : les combattants étrangers dans les FFI

Les Polonais dans la résistance française. 

Le capitaine Roman Pietrowski dit "Maurice", commandant de la 4 214e compagnie FTPF du bassin du Tarn. Il est tombé dans un combat livré aux Hitlériens, le 6 août 1944.

Cote : SHD DE 2007 ZC 18/1

Le colonel Antoni Zdrojewski, dit "Daniel", chef militaire de la POWN (Organisation polonaise de lutte pour l'indépendance) - "Monika W" en France.

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Le capitaine Boleslaw Tajchman commandant du groupe "Diables noirs".

Cote : SHD DE 2007 ZC 18/1

Partisans polonais FTPF rendant le dernier hommage à leurs compagnons d'armes tombés sur les collines de la Versanne, dans la Loire, près de Saint-Etienne.

Cote : SHD DE 2007 ZC 18/1

Groupes de Polonais de la 4 214e compagnie FTPF en patrouille. De gauche à droite, Jozef Fabisiak, Antoni Haluszkiewiez et Jozef Pochopien.

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Le peloton du lieutenant Zadniej ("Nowina", au milieu en casquette).

Cote : SHD DE 2007 ZC 18/1

Le capitaine Wladyslaw Wazny, commandant adjoint de la région "Nord" de la POWN. Il mena pendant 11 semaines la lutte contre la "Wunderwaffe" hitlérienne. Il tomba, le 19 août 1944, à Montigny-en-Ostrevent.

Cote : SHD DE 2007 ZC 18/1

Le groupe polonais "Franck" du bataillon FTPF "Stalingrad".

M.A Le Guillou

Cote : SHD DE 2007 ZC 18/1

Camp du col du Villard. Secteur D. Polonais incorporés de force dans la Wehrmacht passés au maquis. Colonel Terrasson-Duvernon.

Cote : SHD DE 2007 ZC 18/1

Maquis de Dordogne. Le chef de groupe "le Frisé" (M. Rigoulet) entre un FFI italien, à sa gauche, et un FFI hollandais en patrouille de reconnaissance. 
Photo transmise par M. Larivière

Orne. FTPF. Groupe espagnol SEES GER, Saint-Clair-de-Halouze.

Orne. FTPF. Groupe espagnol SEES GER, Saint-Clair-de-Halouze. José Espeleta, mort en déportation, le 2 décembre 1944, à Allack.

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Orne. FTPF. Groupe espagnol SEES GER, Saint-Clair-de-Halouze. Celso Lago et Rosendo Bornis arrêtés à La Bellière, déportés, non rentrés.

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Orne. FTPF. Groupe espagnol SEES GER, Saint-Clair-de-Halouze. Antonio Montero Blanco, arrêté à La Bellière le 28 mai 1944, déporté, non rentré.

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Orne. FTPF. Groupe espagnol SEES GER, Saint-Clair-de-Halouze. Francisco Ramon, interné à Voves, mort à Alençon en 1943.

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Orne. FTPF. Groupe espagnol SEES GER, Saint-Clair-de-Halouze. Flers. Paul et Eliane Saniez et Maurice Simondin.

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Orne. FTPF. Groupe espagnol SEES GER, Saint-Clair-de-Halouze. Eliane Saniez, agent de liaison entre le groupe Espeleta et le colonel Fabien.

Cote : SHD DE 2007 ZC 18/1

Orne. FTPF. Groupe espagnol SEES GER, Saint-Clair-de-Halouze. Paul Saniez, alias Paulo.

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Orne. FTPF. Groupe espagnol SEES GER, Saint-Clair-de-Halouze. Madeleinel Saniez, alias Mado.

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Les FTP-MOI

(Francs-Tireurs Partisans- Main d’œuvre Immigrée) 

Alors que les années 1920 sont un moment où l’immigration est encouragée pour reconstruire la France après le premier conflit mondial, le Parti Communiste Français (PCF) cherche à créer une organisation à laquelle les travailleurs immigrés pourraient adhérer et qui s’érigerait comme un contrepouvoir face à la Société Générale d’Immigration (SGI) gérée par le patronat. La MOI (Main d’œuvre Immigrée) apparaît. 

Alors qu’aux lois libérales sur l’accueil des travailleurs étrangers et l’obtention de la nationalité française succèdent durant les années 1930 des lois beaucoup plus répressives et restreignant l’arrivée de nouveaux venus, la MOI s’adapte en réduisant son action tournée vers l’accueil pour développer une myriade d’associations culturelles et sportives destinées aux travailleurs immigrés et gérées par eux. Réparties par nationalités d’origine ou groupes linguistiques, ces organisations dispensent aussi une véritable formation militante à leurs membres où la discipline partisane est très importante. La montée des tensions percute l’activité de la MOI. A partir de 1936, la guerre civile espagnole conduit le PCF à utiliser la MOI comme instance de régulation et de facilitation du départ des Brigades Internationales, les volontaires antifascistes qui partent en Espagne combattre les troupes franquistes aux côtés des républicains. Par ailleurs les activités de la MOI mutent de nouveau en 1938 : les décrets Daladier de mai et novembre ouvrant la possibilité d’interner « tout indésirable étranger » entraînent le recours à des pratiques de clandestinité au sein de la MOI.

Après la défaite de juin 1940 et en dépit de l’ambivalence de la direction du PCF vis-à-vis du pacte germano-soviétique, la MOI se reconstitue dans la clandestinité dès l’automne 1940. Touchés par les mesures antisémites en zone nord et en zone sud, la « Section juive » (en fait yiddishophone) de la MOI se montre particulièrement active pour se lier avec l’Organisation Spéciale (OS), service d’ordre du parti qui se regroupe lui aussi dans l’illégalité.   Censé originellement protéger les militants communistes, l’OS reprend la lutte armée sous l’influence des anciens des Brigades Internationales après une série de rafles menées par la police française contre les militants communistes en zone occupée en octobre 1940. Pour mener des agressions contre l’occupant, une OS-MOI est créée en son sein. Suite à l’invasion de l’URSS en juin 1941, l’OS-MOI devient les FTP-MOI, (Francs-Tireurs Partisans de la Main d’œuvre Immigrée).

21 février 1944

Exécution de Missak Manouchian et de vingt-et-un FTP-MOI au Mont-Valérien

Chargé des Arméniens au sein de ce nouvel avatar de la MOI, Missak Manouchian est intégré en février 1943 dans le premier détachement des  FTP-MOI, sous le pseudonyme de Georges. 

Cet homme de 37 ans a perdu la majeure partie des membres de sa famille au cours du génocide arménien et a trouvé refuge au Liban où il a été formé dans une culture francophone. Débarqué à Marseille en 1925 avec son frère, tous deux travaillent comme ouvriers sur les chantiers de la Seyne-sur-Mer (Var) puis s’installent en région parisienne où Missak Manouchian travaille comme ouvrier aux usines Citroën de Javel (alors département de la Seine). Ayant un talent littéraire, il écrit pour plusieurs revues et journaux de la diaspora arménienne.

En 1943, les FTP-MOI de la région parisienne compte 65 personnes incluant les agents de liaison, le service de renseignement qui repérait les cibles ou le service médical. En leur sein, ce qu’on nommera a posteriori « le groupe Manouchian » fait figure d’unité d’élite. Des hommes et des femmes immigrés soient en première ligne dans la lutte armée contre l’occupant dans Paris et sa banlieue.

En effet, à partir de juillet- août 1943, la direction du PCF souhaite en effet que des actions spectaculaires contre l’occupant soient menées dans Paris par les FTP alors même que les mouvements non communistes se montrent d’autant plus rétifs à l’action immédiate que de nombreuses arrestations les ont décimés. En se présentant comme les seuls à mener la lutte contre les nazis dans la capitale française, la direction clandestine du PCF entend maximiser son influence au sein de la Résistance française. Attaques à la grenade des lieux où se regroupent des soldats allemands (cinéma, cafés, restaurants), attentats contre des personnalités nazies de premier plan, sabotages en tout genres sont les modes d’action des membres des FTP-MOI sous la conduite de Missak Manouchian entre février et novembre 1943. Celui-ci ne participe pas en personne à toutes les actions mais les planifie en créant quatre détachements spécialisés dans tel ou tel mode d’action.   

Dossier d’archives Missak Manouchian

Ces actions spectaculaires rendent cependant le groupe plus vulnérable. Les Brigades Spéciales des Renseignements Généraux (des unités de la police française) appuyées par des équipes de gardiens de la paix constituées pour la lutte anticommuniste et antiterroriste dans les commissariats de banlieue repèrent et filent  Missak Manouchian. Ce dernier se fait arrêter à la gare d’Évry Petit-Bourg (actuelle Essonne) le 16 novembre 1943.

Manouchian et ses compagnons sont livrés aux autorités allemandes en janvier 1944 alors que S’opère alors une flambée des exécutions après jugement du Militärbefehlshaber in Frankreich (MbF, les tribunaux militaires allemands) : 840 personnes exécutées entre janvier et fin mai 1944 (270 en janvier-février 1944, 180 en mars, 150 en avril et 200 en mai). Les FTP sont particulièrement ciblés car considérés comme doublement coupables, par leurs actions et par leur engagement politique.

Dossier d’archives Missak Manouchian

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Dossier d’archives Missak Manouchian

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Dossier d’archives Missak Manouchian

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Dossier d’archives Missak Manouchian

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Dossier d’archives Missak Manouchian

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Dossier d’archives Missak Manouchian

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Dossier d’archives Missak Manouchian

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Dossier d’archives Missak Manouchian

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Dossier d’archives Missak Manouchian

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Dossier d’archives Missak Manouchian

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Dossier d’archives Missak Manouchian

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Dossier d’archives Missak Manouchian

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Dossier d’archives Missak Manouchian

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Dossier d’archives : jugements par le tribunal militaire allemand du « groupe Manouchian »

Jugements par le tribunal militaire allemand du « groupe Manouchian ».

Jugements par le tribunal militaire allemand du « groupe Manouchian ».

Jugements par le tribunal militaire allemand du « groupe Manouchian ».

Jugements par le tribunal militaire allemand du « groupe Manouchian ».

Jugements par le tribunal militaire allemand du « groupe Manouchian ».

Jugements par le tribunal militaire allemand du « groupe Manouchian ».

Jugements par le tribunal militaire allemand du « groupe Manouchian ».

Le 18 février 1944, Missak Manouchian comparaît aux côtés de vingt-deux de ses compagnons (Spartaco Fontanot, Robert Witchiz, Roger Rouxel, Antoine Salvadori, Georges Cloarec, Cesare Luccarini, Rino Della Negra, Marcel Rajman, Celestino Alfonso, Joseph Boczor, Emeric Glasz, Michael Martyniuk, Mosca Fingercweig, Wolf Wajsbrot, Thomas Elek, Lejb Goldberg, Salomon Shapira, Amédée Usseglio, Amernak Manoukian, Stanislaw Kubacki, Gustav Migatulski, Szlama Grzywacz et Olga Bancic. Le procès se tient dans la salle royale de l’Hôtel Intercontinental et le tribunal est constitué de 4 officiers allemands de la Wehrmacht (les juges militaires Eckardt et Häbler ainsi que les majors von Roehl et Hage). Conçu originellement comme un « procès-spectacle » de plusieurs jours durant lequel la presse collaborationniste devait jouer un rôle majeur, le verdict est finalement rendu de manière expéditive le matin du 19 février et débouche sur vingt-trois condamnations à mort. Le 21 février 1944, Missak Manouchian est exécuté au Mont-Valérien en même temps que ses compagnons à 15h22.

Crédit image : Musée de la Libération de Paris

Si le verdict n’a rien d’exceptionnel au regard des pratiques judiciaires allemandes en vigueur, il est prétexte à une gigantesque opération de propagande de la part des Allemands et de Vichy. Celle-ci est destinée à discréditer la Résistance en jouant sur la xénophobie puisque les résistants sont désignés par les services de propagande nazie comme une armée de « terroristes juifs et immigrés à la solde de l’Angleterre et du bolchevisme russe ». La campagne de propagande allemande qui n’a pas pu se déployer durant le procès en raison de la brièveté de ce dernier est mise en place et prend une ampleur inégalée après les exécutions capitales. Tirée à 15 000 exemplaires, l’affiche ci-dessus est placardée par les Allemands et relayée par la presse collaborationniste dans la France entière. Parmi les vingt-trois condamnés à mort, les dix FTP dont les visages apparaissent sur l’affiche ont pour point commun d’avoir un patronyme à l’orthographe et aux sonorités étrangères.

Printemps 1944

Implantation et militarisation de la FTP-MOI en Zone Sud

On ne saurait limiter les FTP-MOI aux visages de l’Affiche Rouge ou actions parisiennes du « groupe Manouchian ». Les FTP-MOI sont implantés dans toute la France métropolitaine. A Toulouse et à Marseille, ils comptent dans leurs rangs des effectifs plus importants que ceux de la capitale (80 combattants à Toulouse, 75 à Marseille). Par ailleurs, les FTP-MOI investissent dès juillet 1942 dans les camps d’internement comme en témoigne l’existence d’une section « juive » de la MOI dans le camp de Drancy.   

Ainsi, à Grenoble, des travailleurs italiens, polonais, roumains, hongrois aidés par des Français créent le 5e bataillon des FTP-MOI qui prend le nom de « Liberté »

Fiche historique du 5e Bataillon FTP MOI de l’Isère.

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Fiche historique du 5e Bataillon FTP MOI de l’Isère.

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Clandestinité et planification

Renseigner les Alliés

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